Le gardien du pilier

La réserve est aujourd’hui une grande forêt aux portes du désert. Elle est saignée par de profondes cavités entourées d’habitations de pierres en ruine. Ces ruines sont habitées par des peuplades gobelinoides, et gnolls, dirigées par des sorcières. Elles sont nombreuses et je risque d’avoir quelques soucis pour négocier notre passage. Je devrais probablement mettre en place une stratégie pour diminuer leur nombre et leur prolifération, ou converser directement avec l'une d'entre elles. La réserve est située en contrebas du mont rocheux sur lequel est juchée la tour sanctuaire. C’est une jungle inextricable et les sentiers créés par les créatures de Bellamala pourraient être utiles. Une fois au pied de la falaise, je dois escalader le piton rocheux. Il faudra donc que mes sortilèges durent assez longtemps, et que j’apprenne les techniques d’escalade auprès d’hydark, dans le cas où ils me feraient défaut.

Le mandatoire est décrit comme un dédale de rues symétrique formées par les somptueux domaines des gardiens et protecteurs de la cité. Ils ont normalement disparus avec le cataclysme, mais il ne faut présager de rien.  Un immense fleuve court sur ce plateau, et se déverse plus bas dans la réserve. Je dois emporter avec moi le livre des non-dits, qui décrit quelques-unes de ces bâtisses et des trésors qu’elles cachent, et qui décrit les abords du fleuve. Cela me fera un plan. D’après les écrits de mon vieux maitre, cet endroit était autrefois sous le pouvoir de deux sœurs elfes noires, deux hautes sorcières. Il est certain qu’aujourd’hui elles sont les jumelles liches dont parlent les légendes. Je devrai aussi faire attention à ce qu’hydark ne soit pas tenté de pénétrer dans leurs demeures pour y dérober quelques artefacts piégés. Cela ne sera pas plus aisé qu’avec les Gnolls, puisque les gardiens sont de puissants personnages dont l’esprit a probablement été ravagé par le néant d’Haderzo. L’objectif sera donc de les éviter, et de passer discrètement dans le Confin. Je vais prendre l’anneau du berserk et ma fiole de Tlelak dans le cas d’un affrontement inopiné. J’ajouterai la valeur de trois portails vers l’Outreterre, et si je tombe sur des adversaires sain d’esprit, j’aurai une monnaie d’échange, et je pourrais m’enfuir.

Une fois le Confin atteint, le plus dur sera de ne pas succomber à ma soif de lecture. Le maitre des lieux est le gardien des sceaux, mais je n’en sais pas plus. La magie ne devrait pas me poser de problème. Pour les pièges mécaniques, hydark sera là. À dire vrai, ce quartier n’est pas très bien décrit dans les ouvrages de mon maitre. J’ai bien peur que cela soit le quartier le plus secret, et qu’il ait été construit pour qu’il soit facile d’y entrer, mais impossible d’en ressortir. J’espère que les talents de mon acolyte me sortiront une nouvelle fois de ce pétrin. Je compte sur ta sagesse mon ami.

La tour sanctuaire est tantôt décrite comme une tour ou chaque étage abrite une bête surpuissante et répugnante, tantôt décrite comme de petits palais construit dans la roche, mais touchant le ciel, tantôt comme des cages d’hypnotite, cet acier qui accable les puissances. Aucune des informations n’ont été corrélées, mais je pense me faire une synthèse rapide une fois sur place. Et puis, tout cela peut être possible puisque K’tal a été construite par des mages aussi puissants que mon maitre.

Ah, j’oublie deux informations importantes : Les Mahamets et les Kuo toas.
Les Mahamets sont des êtres abominables et seront probablement de la partie. Si les écrits parlent d’eux comme des gardiens des portes, je n’ai vu aucunement mention de portail dans aucun des quartiers. Le plus probable serait donc qu’ils étaient dans le Mandatoire, au service des bâtisseurs puis des protecteurs. Seuls, ils ne sont pas dangereux pour moi, mais ils risquent de se rassembler pour me causer des problèmes. Je devrais surement amener mon garde-lame Itzos avec moi. C’est décidé. A trois, cela sera parfait !
Quant au Kuo Toas, ils peuplent les souterrains, sous le mandatoire, le confin, et le sanctuaire. Ce sont des créatures intelligentes qui détestent la lumière et tout ce qui touche à la surface. Si nous nous retrouvons face à ces hommes poisson, quelques sorts explosifs et lumineux, nous permettront de fuir aisément.

Demain, je vais me présenter devant la grande cascade qui fait craquer la forêt millénaire de Ktal. Cette chute d’eau s’élance depuis les jardins des hauteurs de la cité, pour se fracasser sur les roches noires de la vallée des morts, deux milles mètres plus bas. J’entends depuis mon campement, le son de sa colère tonitruante. Aucun de mes fidèles guide ne veut aller plus loin, mais Itzos et hydark ne sauraient me laisser y aller seul.

Je dois retrouver et pénétrer la tour sanctuaire de Ktal. Pourquoi ?

La réponse peut être… Simple,  une brèche s’est ouverte, nous devrions la refermer.
Ou directive… Directive parce qu’il le faut pour notre bien à tous.
Ou encore amusante. L’aventure nous appelle, et la cité regorge de mystère.
La réponse peut être intellectuelle : s’il y a des créatures anciennes et des mages puissants, il y a de vieux ouvrages inestimables pour notre savoir.

Mais je suis surement simplement intéressée ; c’est une ancienne cité, peuplée d’êtres puissants et narcissiques. Les trésors seront nombreux, et les reliques magiques parfaitement négociable à Kopa Lachaz. Mes compagnons et moi y trouveront notre compte.

Je suis Erein Garaskalouf. Je suis mage confirmé et arpenteur de sentiers oubliés, depuis quelques années déjà. J’ai une passion et un objectif clair depuis que mon maitre m’a abandonné sur cette terre : pénétrer la tour sanctuaire de K’tal

Je laisse cette note scellée à l’un de mes fidèles, qui l’emportera au Cœur de Kopa Lachaz ou à la Vigie de Telakara, pour y être archivé.
Cher lecteur, Quoi que vous choisissiez, ce voyage nous grandira et influencera l’histoire. Gardez ce parchemin précieusement,  car il est peu d’écrits sur la cité de K’Tal.

                                                                              Erein Garaskalouf