Le vol du sang bleu III

Les sept canailles

En quelques minutes, tous les membres de cette petite communauté de larcins, se mirent d’accord :

- aucun de nous ne tirerait dans les pattes de l’autre.

- tous nous ferions chuter d’une manière ou d’une autre la tête couronnée du Conte.

- Il était écarté de mettre dans la confidence qui que ce soit d’autre

- tout le monde devait signer le contrat

- Les rôles seraient établis à la discrétion de Maitre Uthor

- Le partage se ferait un mois après le larcin

Alros m’inquiétait. Personnage très commun, brun, plutôt robuste, toujours habillé de cuir travaillé et tressé, pas de signe particulier sinon son nez presque aquilin et ses mains de bourreau. La voix dure que l’on entendait souvent dans les tavernes de ce monde ne se manifestait pas aujourd’hui. C’était un humain opportuniste et trop fière pour laisser des demi-races comme les elfes, fées ou trolls parvenir à faire cet exploit…

Pour Alros, seul un humain en avait la noblesse et le droit, mais il n’objectait rien.

Cet homme avait un passé étrange puisqu’il dirigeait la guilde des mots de sa majesté la Reine Mage et sa réputation de raciste ne l’empêchait d’avoir été élu à la tête des Assassins d’une Reine elfe… Mettait-il de coté ses convictions pour le bien des peuples ? Étrange !

Pendant qu’Uthor déballait son plan, que je ne suivrais surement pas, je faisais l’inventaire des personnes présentes :

Alros le dément, Maitre Uthor Trappétrapu, Main Sept-coeur, Fabald, Sorn le mauvais, les Frêres Sagilame et Gavnir, tous deux de Khaine, et le pire de tous, Alnienn Pozev surnommé le rat d’Oressa.

Mon regard du s’attarder un peu trop sur les compères de Khaine, car Gavnir me fixa du regard comme pour me jauger. Il est dit que ces deux personnes furent en d’autre temps les pires ennemis. Sagilame était un jongleur de Khaine et maitre de la guilde des voleurs de la cité ; quant à Gavnir, éduqué par des jongleurs, il gravit les échelons de la garde, pour en devenir le lieutenant et le maitre d’arme. Ils ne sont pas frère en vérité, mais la ressemblance est vraiment trompeuse. Tous les deux grand, large d’épaule mais au corps svelte, cheveux noir et teint pale, les yeux d’un bleu ciel presque blanc. Si Sagilame cache ses oreilles d’elfe noir, son apparence elfique ne se distingue que de très près.

Je détourne le regard, cette fois nous sommes du même bord, et embarqués sur un navire en mer suffisamment houleuse.

Aucune des personnes réunis n’appréciait être ainsi entourée et assise, en position d’égalité, autour de la table ronde. Mais il y en eût un qui manifesta son mécontentement, plusieurs fois, face au discours de Maitre Uthor.
Sorn dégageait une odeur de pestilence et de vielle encens, et trépignait sur sa chaise comme un enfant de quatre ans. Il avait un visage de Githianki avec des excroissances osseuses du front au menton. Ses petites dents qu’il avait surement taillées en pointe, pour en imposer plus à une époque, dégoulinaient de bave verdâtre. J’étais bien contente de ne pas être assise en face ou juste à coté.
Sorn est un personnage important, opérant en tant que haut dignitaire entre les guildes mercenaires de Sigil et des plans primaires. Il est réputé pour sa cruauté et sa désinvolture, irrespectueux à l’extrême. Il était habillé lors de cette réunion, avec un pardessus marron, un torque de cristal vert, et pour seul pantalon, une corne de baatezu mineur qui lui cachait son appareil sexuel.
Bien sûr, ses capacités de polymorphe étaient pour beaucoup dans sa présence parmi nous.

Je n’ai pas osé regarder le Rat d'Oressa, et mise à par Maitre Uthor, personne n’avait du oser depuis qu’il était arrivé. Courbé, la capuche rabattue en arrière, ses petits yeux jaune mauvais pouvaient pétrifier d’effroi le plus courageux des paladins. Je regardais ses mains, quatre petits doigts agiles et soignés. Il y faisait rouler une petite tige métallique sombre.
Le rat ne prit la parole qu’une seul fois (et même à ce moment je n’osais le regarder) :

« C’est un plan audacieux « le trapu », mais tout les membres de cette assemblée ne savent jouer qu’en solo »

« Comment comptes-tu attribuer les rôles à chacun, et satisfaire tout le monde ? Nous avons tous, les bon à riens mis à part, nos équipes pour nous servir…»

Il venait de me fixer du regard, sa longue moustache passait devant les plissures de sa bouche. Deux immense canines descendaient plus bas encore.

La réunion prit fin après quelques heures d’échange qui ne nous menèrent pas bien loin. Maitre Uthor remis à chacun ses rôles sous enveloppes cachetée.

Tout le monde avait signé.

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